Toute la lumière sur l'exposition
Toute la lumière sur l'exposition
Sans lumière, il n’y a pas d’image. Et avec une lumière mal calibrée l’image est mauvaise ! Le système électronique automatique du caméscope sait, en général, gérer correctement les niveaux d’exposition les plus courants. Mais il peut être pris en défaut dans certaines conditions de tournage. Pour faire face à de telles situations, sachez exploiter toutes les possibilités offertes par les modes Automatique ou Manuel.
Par Gérard Galès – Septembre 2007 – Caméra Vidéo & Multimédia.
Rechercher les conditions idéales
Vous ne souhaitez pas vous enquiquiner avec des problèmes de lumière et encore moins vous plonger dans les réglages manuels ? Pour obtenir cependant une bonne exposition en exploitant le réglage automatique, vous devez privilégier les conditions d’environnement les plus favorables. Sachez que le système d’exposition automatique aime l’uniformité lumineuse. En extérieur c’est par exemple un ciel nuageux qu’il préfère ou une zone totalement ombrée tel qu’un endroit abrité (sous un préau, un arbre, une tonnelle, etc.).
En intérieur, c’est sous un éclairage vertical diffus (par exemple des rampes de fluos) ou tout au moins unique qu’il est le plus à l’aise. L’absence dans le cadre de fenêtres, baies vitrées ou autres éléments laissant pénétrer la lumière extérieure stabilise l’ouverture du diaphragme. Certes la scène que vous voulez filmer ne se trouvera pas forcément dans un environnement lumineux idéal. Mais quand c’est possible, n’hésitez pas à demander à vos sujets de se déplacer légèrement de façon à baigner sous une lumière unique et exempte de forts contrastes.
Les situations environnementales à problèmes
Pour tourner « tranquille » en expo auto, voici ce que vous devez essayer d’éviter à tous prix. En extérieur, le pire est le contre-jour solaire lorsque le sujet principal de la scène est positionné avec le soleil dans le dos. Bannissez aussi tout cadrage contenant de trop fort contrastes entre les zones éclairées et des zones ombrées. Évitez de filmer de face toute surface susceptible de produire des reflets importants, par exemple un plan d’eau ensoleillé, une plaque métallique brillante ou un vitrage renvoyant les rayons du soleil directement vers l’objectif. Prenez garde enfin au sable ou à la neige qui fonctionnent comme de gigantesques et très efficaces réflecteurs solaires en produisant de fortes surexpositions. En intérieur, la situation à fuir principalement est celle du contre-jour provoqué par une ou plusieurs ouvertures visibles dans le cadre et qui laissent entrer une forte lumière solaire dans le dos du sujet filmé.
L’exposition automatique risque d’être également perturbée en présence de sources d’éclairages multiples et/ou de puissances différentes. Quant aux contrastes excessifs en intérieur, ils sont le plus souvent produits par un sujet clair sur fond sombre ou inversement (situation courante sur une scène de théâtre ou de concert).
Optimiser l’Auto en extérieur ensoleillé.
Parfois, vous ne pouvez faire autrement que filmer au cœur d’une situation lumineuse défavorable. Tout en restant en Automatique, vous pouvez cependant agir pour soulager le système analyseur. Le premier réflexe doit être de changer d’angle de cadrage en vous déplaçant latéralement, verticalement ou en tournant autour du sujet. Ainsi la zone (claire ou sombre) produisant, par exemple, un trop fort contraste avec le reste de la scène peut être évacuée hors champ. Si les conditions de tournage s’y prêtent, vous pouvez aussi zoomer un peu pour ôter du cadre une de ces zones « dérangeantes ».
Autre solution plus « zen » : prendre son temps et attendre des conditions de lumière solaires plus favorables, par exemple le passage d’un nuage qui diffusera la lumière et adoucira les contrastes. Ou encore, choisir de tourner plutôt le matin ou le soir pour bénéficier d’un éclairage moins dur avec des contrastes plus acceptables pour le système d’exposition du caméscope.
Optimiser l’Auto en intérieur non éclairé.
Dans une pièce sombre recevant uniquement de la lumière solaire par des ouvertures sur l’extérieur, le contre-jour est garanti « sur facture ». Vous ne pourrez guère y échapper et le réglage en exposition auto s’en trouve faussé. La meilleure solution, si vous persistez quand même à vouloir tourner dans ce lieu est… de l’éclairer en cherchant dans un premier temps la facilité, c’est-à-dire en allumant, s’il existe, le luminaire principal (plafonnier) de la pièce et tout luminaire secondaire disponible dans la mesure où il n’est pas visible dans le cadre. Faute d’électricité (monument, site naturel), il ne vous reste plus qu’à éclairer cet espace vous-même de façon autonome.
Optimiser l’Auto en intérieur très éclairé.
De nuit l’espace est parfois sur-éclairé par de multiples et puissants luminaires. Malgré cette « débauche » lumineuse, la scène peut rester sombre sur l’avant-plan ou présenter des contrastes excessifs avec des zones bouchées (noires) et des zones cramées (blanches). Le système de contrôle d’exposition étant « déboussolé » par cette mosaïque de taches lumineuses, il convient de se débarrasser des éléments les plus importuns pour l’aider à y « voir plus clair ». D’abord, observez dans le viseur toutes ces sources d’éclairage et déterminez laquelle ou lesquelles sont les plus parasites, parce que trop puissantes, trop près du caméscope, produisant des reflets sur d’autres surfaces ou mal orientées avec une ampoule visible dans le cadre. Comme en extérieur, la solution peut se trouver rapidement en changeant de cadrage (déplacement latéral ou vertical, zooming). Mais si les contraintes du tournage (exiguïté, scénario…) ne le permettent pas, agissez directement sur les sources d’éclairage perturbatrices en les éteignant ou en les déplaçant afin de les exclure du cadre. Autre solution plus « soft » : si vous avez emporté un peu de papier calque, vous n’avez qu’à en poser une feuille devant les ampoules des luminaires les plus gênants afin de bien diffuser et adoucir leur lumière.
Garder l’Auto mais anticiper la situation.
Pour ceux qui répugnent encore à manipuler les réglages manuels, les modes programmés apportent une alternative intéressante. En effet, tout en restant en exposition automatique, vous pouvez appliquer des réglages spécifiques en fonction de la situation de tournage envisagée. Ces fonctions qui combinent des actions sur le diaphragme, l’obturateur et le gain varient selon les marques. Parmi les principales, citons le mode Portrait qui favorise l’ouverture maximale du diaphragme sur un sujet rapproché filmé au téléobjectif (zoom). Le mode Paysage, qui, en mesurant la luminosité uniquement sur le bas de l’image et non en haut, assure un rééquilibrage d’exposition fort utile, par exemple face à un ciel trop clair ou une ouverture illuminée de l’extérieur (contre-jour).
Si votre machine dispose aussi du mode Spotlight, n’hésitez pas à l’utiliser lorsque vous filmez des sujets trop contrastés et cramés (par exemple un spectacle sur fond sombre avec de puissants éclairages de scène). Le contrôle de l’exposition ne se faisant plus sur la globalité de l’image mais sur la zone où le signal est le plus élevé, c’est-à-dire le plus souvent sur les visages des sujets sur scène, ceux-ci retrouveront une carnation plus naturelle.
Abandonner l’Auto et fignoler en Manuel.
Avant de vous jeter sur le bouton (molette, joystick) idoine, rappelez-vous quelques principes de base : l’ouverture du diaphragme est désignée par un nombre f/… Retenez que plus le chiffre est petit (par exemple f/ 1.4) et plus la quantité de lumière parvenant au(x) capteur(s) est importante (diaphragme grand ouvert). Inversement un grand chiffre (par exemple f/16) indique une faible quantité de lumière entrant dans l’objectif (diaphragme très fermé). Se souvenir également que lorsqu’on passe d’une valeur à une autre, on double ou divise la quantité de lumière. Par exemple de f/4 à f/2.8, le capteur reçoit deux fois plus de lumière. Pour se faciliter le réglage, il est bon de disposer dans le viseur d’un affichage de la valeur choisie (f/…) qui servira de repère. En mode Manuel c’est donc vous, en contrôlant le résultat en direct dans le viseur, qui déterminez la valeur de luminosité qui convient le mieux. Cette valeur étant fixe, tout changement de niveau lumineux ambiant sera perçu réellement (pas de compensation automatique) et modifiera l’exposition de l’image. Le mode Manuel est idéal pour retranscrire la « vérité lumineuse » d’une scène, par exemple la progressivité d’un coucher de soleil ou les nuances d’un spectacle illuminé par des spots clignotants.
Note : Les images figurant ici sont extraites de rushs filmés en Auto par Marc Weikmans en juillet - septembre 2016