Tournez vite et bien
Tournez vite et bien
Réussissez vos films de voyage – Le reportage
Par Gérard Galès
Caméra Vidéo & Multimédia – mai 2006
Un reportage, c’est un sujet, et un seul. Une fois choisi, réfléchissez à la manière dont vous allez le présenter à vos spectateurs, c’est-à-dire l’angle que vous allez adopter pour les intéresser au maximum. Celui-ci peut être historique, économique, social, touristique, humoristique, écologique, etc. Lorsqu’il a été déterminé, couchez sur papier les idées générales de ce que voulez raconter en images et considérez ensuite cela comme le scénario du reportage. Référez-vous fréquemment à ces notes entre deux prises de vues. Elles vous serviront de « garde-fou » contre toute dérive hors sujet pouvant surgir dans le feu de l’action lors du tournage.
L’indispensable intermédiaire
Vous trouverez souvent à l’hôtel des offres de location de voiture. C’est la méthode la plus pratique, rapide et sûre pour se déplacer à l’étranger. Ne comptez pas trop sur les bus, aux horaires de passage parfois très fluctuants. Si vous êtes seul ou ne connaissez personne sur place, prenez une formule avec chauffeur. Non seulement cela vous dispense de conduire, mais vous aurez sous la main un autochtone connaissant bien le secteur et qui acceptera de faire office de guide si vous lui glissez quelques billets en sus. Bien choisi, cet « éclaireur » vous emmènera dans les endroits les plus utiles à votre reportage. De plus, depuis son véhicule, vous pourrez réaliser des travellings par la fenêtre ouverte.
Les règles d’or pour construire son sujet
Avant de commencer à tourner, comme un journaliste-reporter d’image, posez-vous les cinq célèbres questions : when, where, what, why, who ? On peut répondre par « où » (where) par un plan d’ensemble du site mais aussi par un gros plan sur une enseigne ou un panneau routier. Au « quand » (when) par une séquence indiquant clairement la saison ou la date, si ça se passe de jour ou de nuit et à quelle heure. Au « comment » (what) en décrivant les actions principales et secondaires constitutives du sujet. Le « pourquoi » (Why) peut être traité par une interview ou un commentaire off expliquant l’action montrée, la justifiant ou au contraire la dénigrant (par exemple parce qu’un monument historique disparaît). La question « qui » (who) sera résolue par les échanges diagolés et une variété de plans révélant le fond d’un personnage-clé.
La réponse à une sixième question, « combien » (how), pourra dans certains cas s’avérer utile. Elle sera constituée d’images réalisées pendant le tournage ou ultérieurement (infographies detype cartes, camemberts, photos, vidéos, etc.) et/ou de sons variés informant sur une durée, un nombre de participants, le coût financier d’une opération, etc.
Une fois que vous aurez les réponses à ces différentes questions, dégagez les plus importantes et utiles au « message » à faire passer et valorisez-les.
Les règles d’or pour construire ses séquences
Première règle à respecter : produire des images et des sons clairs et compréhensibles, même face à une situation exceptionnelle. Vous n’êtes plus ici dans le cadre d’un tournage familial de vidéo souvenir. Si vous décidez de vous lancer dans l’aventure passionnante du « vrai » reportage de voyage, vous devrez au minimum vous assurer un cadre stable et net. Dans le doute, emportez dans vos bagages un petit pied léger (en fibre carbone par exemple) ou mieux un porteur stabilisant. Lorsque les réglages de base du caméscope sont maîtrisés, il devient possible (et plus facile) de se concentrer sur la variété. Un élément indispensable pour éviter le zapping du spectateur. Dynamisez le cadrage lui-même en diversifiant les échelles des plans, les angles de points de vue, les mouvements de caméra.
Et puis, mettez aussi de la variété dans le cœur du sujet en sélectionnant autant d’éléments à filmer que possible. Partez du général et finissez par les détails. Ne négligez rien et ne lésinez pas trop sur la durée des rushes. Il est préférable d’avoir trop de matière brute que pas assez. Vous trierez et mélangerez tout cela au montage.
L’art de l’interview
À moins d’être assisté d’un équipier efficace à la perche audio, gérez la prise de son d’interview avec un micro-cravate (qui ne pèse rien dans les bagages) accompagné d’une petite rallonge ou, si votre budget le permet, d’un système HF. Le micro d’origine convient pour conserver l’ambiance sonore environnante. Mais il faut alors, afin que la voix de l’interviewé soit audible, que ce dernier reste proche du caméscope. Préparez vos questions à l’avance tout en prévoyant de « rebondir » en cours d’interview avec des questions mieux adaptées si le discours de la personne dérive. Par ailleurs, renseignez-vous au préalable sur les us et coutumes des gens du cru et bien sûr, demandez l’autorisation de filmer. Attention, une question anodine pour certains sera perçue par d’autres comme offensante ou indiscrète. Dans certains pays, les réactions peuvent être violentes. Mais partout dans le monde discrétion et respect seront vos meilleurs atouts.
Si vous avez le temps…
Un reportage commence par la rencontre avec toutes les personnes susceptibles de vous ouvrir des portes, au propre comme au figuré. Ainsi, le premier lieu de contact est l’office du tourisme ou ce qui en tien lieu, la mairie par exemple. Présentez-vous et expliquez votre projet. Vous en retirerez une foule d’infos positives ou négatives et sûrement des pistes utiles. Ainsi, vous pourrez peut-être accéder à un lieu habituellement interdit aux caméras (ou tout simplement habituellement fermé au grand public) ou rencontrer un personnage porteur d’un savoir en phase avec le sujet. Le contact préalable vous permettra de préparer au mieux une interview (choix des questions) du lieu de l’entretien, etc. avoir le bon contact facilite aussi le repérage. Ce n’est jamais du temps perdu car la visite révèle souvent de multiples problèmes techniques (lumière trop faible, bruit environnant, etc.). C’est aussi une excellente occasion de prendre la « température » de l’endroit : les autochtones sont-ils accueillants ou au contraire, hostiles, coopératifs ou plutôt fuyants ? Notez sur un petit carnet toutes ces observations afin d’adapter le tournage en conséquence.