Paysages
Améliorez vos vidéos
Par Thierry Philippon
À première vue, une scène fixe est moins adaptée à la vidéo qu’à la photo. Mais, en voyage, qui résiste à la tentation de filmer des paysages ? Hélas, le résultat est parfois décevant ! Car contrairement à ce qu’il y paraît, l’exercice requiert une certaine dose de savoir-faire. Voici quelques recettes pour mieux le maîtriser.
Stabiliser la prise de vues
Filmer des paysages, rien de plus simple estime le novice. Grave erreur ! Premier impératif : la stabilité. Prendre des images en marchant est à exclure... La nécessité d'obtenir un plan parfaitement stable s’explique par la fixité même du sujet. La composante « contemplative » qu’il dégage supporte mal le moindre bougé de caméra. Ce point devient crucial en vidéo lorsque la vue est cadrée au zoom x10 ou x20.
Ne compter jamais sur le seul stabilisateur du caméscope, inefficace dans ce cas. Il vous faut un appui naturel ou artificiel offert parfois par le terrain. Au pire, utilisez votre corps (assis, jambes en tailleur) comme support. Mais l’idéal reste le trépied. Malgré son encombrement relatif, cet accessoire se justifie ici pleinement. Les tripodes se sont considérablement allégés grâce à l’utilisation de matériaux spécifiques comme le carbone les moins lourds pèsent entre 1 et 1,5 kg et leur volume est réduit, car, une fois repliés, leur taille n’excède pas 40 à 60 cm. Côté prix, on trouve des produits de qualité entre 70 et 120 euros. Préférez les modèles à attache rapide, immédiatement opérationnels.
Le monopode est une alternative plus légère (entre 350 et 800 grammes selon les cas) et encore moins coûteuse, mais c’est un accessoire avant tout destiné à la photo et son application à la vidéo est limitée. En effet, avec lui, difficile d’effectuer des prises de vues panoramiques ou d’adopter des positions variées. Le trépied reste donc sans conteste l’outil idéal. Mais attention, pour bien panoramiquer, sa tête doit être suffisamment fluide.
S’adapter aux terrains difficiles.
Le mini trépied peut constituer une solution pour filmer les paysages, car il sait s’adapter à un terrain irrégulier et étroit, comme un rocher par exemple. La souplesse élastique de ses jambes permet de trouver au prix de quelques essais l’horizontalité adéquate. Certains modèles sont même munis d’une rotule orientable. Pesant au maximum 50 à 70 grammes, un mini trépied se décroche pour 10 à 25 euros. Voilà qui ne devrait pas trop grever votre budget !
Conserver l’horizontalité
Face aux paysages, la question de l’horizontalité peut devenir la hantise du vidéaste. Car un plan légèrement penché passe parfois inaperçu à la prise de vues, mais le défaut devient flagrant quand l’image est agrandi sur l’écran du PC ou du téléviseur. Or, un paysage penché, c’est vraiment moche ! alertés par ce problème récurrent, les fabricants de caméscopes proposent désormais des aides visuelles. Celles-ci peuvent prendre la forme d’une ligne horizontale, blanche ou grise, servant de repère ou encore d’une grille composée de deux lignes verticales et horizontales délimitant le cadre en neuf carrés de taille égale. Ce type d’aide constitue un dépannage approprié si le vidéaste peut s’appuyer sur un élément du décor parfaitement horizontal. Mais le must reste comme en photo le niveau à bulle double. Cet accessoire permet de contrôler simultanément les axes horizontal et vertical. Il se glisse sur la griffe su caméscope à condition que celle-ci ne soit pas encastrée. À défaut, vous pouvez acquérir un adaptateur pour griffe porte-accessoire.
Notez que certains trépieds intègrent un niveau à bulle. Mais celui-ci ne couvre que l’axe horizontal et ne gère que l’horizontalité du pied sans garantir celle du caméscope. C’est pourquoi, bien souvent, les tripodes moyen et haut de gamme ne comportent aucun niveau à bulle.
Jouer avec les avant-plans
En matière de paysages, les premiers plans dynamisent les prises de vues. Non contents de procurer de la profondeur à l’image, ils accrochent le regard du spectateur qui peut flâner dans le reste de la scène selon des lignes directrices plus ou moins accentuées. Mais un avant-plan apporte aussi une valeur esthétique forte, car les effets du voile atmosphérique sont moins prononcés sur les éléments les plus proches de l’objectif.
Animer les plans fixes.
Par définition, un paysage est considéré comme un plan fixe. Si ce concept convient bien à la photo, l’immobilité paraît moins adéquate en vidéo. Une première manière d’animer les plans consiste à en chaîner à la façon d’un diaporama plusieurs séquences selon le rythme de son choix. Une durée de 3 à 5 secondes par plan convient généralement. Mais les contemplatifs peuvent adopter un tempo plus lent ! Une autre façon de remédier au problème est de trouver l’élément naturel ou humain, capable de donner un peu de vie. Inutile de chercher très loin, l’éventail de possibilités est plus vaste qu’on ne le croit. Ainsi, le vent peut devenir un précieux allié lorsqu’il agite des feuilles ou des branchages derrière lesquels vous avez placé votre caméscope : effet garanti !
Le mouvement peut aussi provenir d’une composante humaine présente dans le décor, comme un pêcheur dans sa barque au milieu d’un lac de montagne ou un paysan dans son champ.
Pour améliorer le procédé, vous pouvez saisir le sujet au téléobjectif pour dézoomer lentement pour laisser découvrir la splendeur du site au spectateur.
Recourir au 16/9 et au grand-angle
Le concept même de paysage s’accommode mal d’un angle de champ trop étroit. Ce n’est pas un hasard si les amateurs de ce type de prises de vues sont perpétuellement à la recherche de grands angulaires offrant le meilleur compromis prix/qualité/large couverture de champ. En vidéo grand public, les focales minimales des caméscopes équivalant au 24 x 36 en photo sont rares à moins de 40 mm : certaines frisent même couramment les 45 x 50 mm. Peu convaincant pour embrasser un décor grandiose !
Il existe plusieurs moyens de surmonter le handicap. L’exploitation du 16/9 apporte déjà un mieux, car la focale courte est généralement plus large en 16/9 qu’en 4/3. La différence est le plus souvent de 40 à 43 mm en 16/9 contre 45 à 53 mm en 4/3. Notez à ce propos qu’en haute définition (HDV, AVCHD ) on filme toujours en 16/9.
Intégrez l’humain dans un paysage
L’apport humain contrebalance la fixité du paysage et l’enrichit. Cette addition de forces procure les images les plus gratifiantes. Mais ces vues sont aussi celles qui posent parfois mes problèmes les plus aigus de contre-jour avec, pour conséquence, un assombrissement du visage. Aussi, tentez d’utiliser la touche Backlight et jouez avec l’iris manuel, mais soyez conscient du risque d’éclaircir l’ensemble de l’image, avec pour corollaire un rendu délavé. Autre option : réduisez la proportion des zones claires du cadre (le ciel par exemple ) responsables de la fermeture du diaphragme.
En matière de paysages, la vidéo ne peut se contenter de la simple beauté naturelle, même si celle-ci flatte l’œil durant quelques instants. Le vidéaste gagnera toujours à placer l’élément humain, un animal ou même un objet animé en situation dans le cadre. Outre l’information supplémentaire qu’il apporte, un élément potentiellement dynamique retient plus longtemps l’attention du spectateur. Il contribue à tonifier la séquence. Bref, que du bonheur !
Bien placer l’horizon
Les photographes ont pour habitude de ne pas placer l’horizon au milieu du cadre pour des motifs esthétiques. Ce principe s’applique bien évidemment aussi à la vidéo. Par convention, accordez au ciel une valeur d’un tiers de l’écran, et deux tiers au reste du décor.
Extrait de Caméra Vidéo & Multimédia Juillet-Août 2007
Photographies, Marc Weikmans
Région de l’Alcantara – Portugal – Juillet 2006
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